samedi 4 janvier 2014

Enquête d'action exclusive d'actualité : Jeunes, pc, xbox, play : le cocktail meurtrier !


 Les fans de jeux vidéos …
Des geeks, des no-lifes, des êtres instables, violents, irritables, agressifs. Ils souffrent d'une addiction plus grande que les héroïnomanes, ils sont soumis à des pulsions meurtrières plus dangereuses que les grands criminels. Ces personnalités complexes évoluant dans un monde virtuel réellement inquiétant ont perdu tout lien avec la réalité. Ils parlent un langage codé et maîtrisent parfaitement l'informatique dont ils se servent comme d'une arme. Sans amis, sans familles, leur vie est vouée à l'échec.
Cher lecteur, aujourd'hui, je fais preuve du plus grand des courages en allant à la rencontre d'un de ces joueurs fous. C'est parti pour mon enquête d'action exclusive d'actualité : Jeunes, pc, xbox, play : le cocktail meurtrier !


C'est au cœur d'une cité-favela-bidonville-petit village alsacien que je pars à la recherche du jeune adulte passionné de jeux vidéos. Il vit dans une jolie maison jaune. Je reste sur mes gardes, les apparences peuvent être trompeuses.
Ce sont ses parents, des personnes tout à fait normales, qui m'accueillent très poliment. Les pauvres, ce n'est pas de leur faute si leur enfant a succombé au vice du jeu vidéo, ce ne sont que des victimes innocentes et naïves …
On m'indique sa chambre. Je monte des escaliers et me retrouve devant sa porte. Elle est très grande, très blanche, très … normale !
Je m'apprête à pénétrer dans un autre univers, un monde délirant, dépourvue de tous mes repères, vais-je survivre face à ce jeune dément ?

Je toc. J'entre. Il s'appelle Édouard. Il a 17 ans.

Étonnamment, il n'est pas en train de jouer quand j'arrive, mais de lire. Moi qui pensais que les geeks ne pouvaient pas vivre sans être constamment shootés par des flux de violences numérisées émanant de leurs consoles, petites boîtes noires remplies de haines et d'obscures tentations diaboliques ...
Image trouvée sur le site maxisciences.com
Il n'a pas de cernes, ses yeux ne sont pas rouges, il ne tremble pas, il n'est ni obèse ni squelettique. Bien habillé, plutôt bien coiffé, il arbore un sourire sympathique et sa voix est posée.
Vautré dans son pouf, comme tout adolescent normal, il tourne le dos à son ordi allumé sur lequel s'affiche, en guise de fond d'écran, un horrible monstre aux dents ensanglantées (Haha ! La violence est là, elle est bien présente !). A côté de son bureau où trône son ordinateur, un petit meuble blanc renferme une vingtaine de pochettes de jeux vidéos. C'est aussi là que la xbox règne en maître, surplombée par un petit écran plat.
Pas de poussière, pas de sucreries ou de pizzas moisies qui traînent sur le sol, pas d'arme visible, pas de magazine de charme, les volets sont mêmes ouverts. Voilà donc la tanière du loup, une chambre … normale !

Je me lance et lui pose ma première question :
-Quel souvenir gardes-tu du tout premier jeu vidéo auquel tu as joué ? 
-Je m'en rappelle très bien. C'est mon père qui y jouait, me répond-il. (Haha, voilà finalement l'influence néfaste des parents!) Il jouait souvent à Rayman sur la Play 1. (Bon, d'accord, c'est pas très violent tout ça …). J'ai immédiatement adoré. C'est un jeu assez simple, très coloré. Ce qui m'a plu, c'est que c'est complètement différent de ce qu'on voit tous les jours. C'est un univers différent, avec des personnages qui ne sont pas vraiment humains. En plus, on peut y mourir et revenir à la vie ! (Ça y est, on entre dans la confusion entre la fiction et la réalité, la folie des joueurs de jeux vidéos va bientôt vous être révélée!)
On continue à avancer sur le terrain de la nostalgie. Il m'explique que le premier jeu auquel il a lui-même joué n'est autre que Pokémon sur Nintendo 64. Dans cet opus, les pokémons surgissent dans de beaux décors, le but étant de prendre en photo ces petites bêtes toutes mignonnes...

Soit. Fini l'univers trop doux et innocent de l'enfance. On va commencer les choses sérieuses maintenant :
-Dis-moi, quel est ton jeu préféré du moment ?
Pochette du jeu "Skyrim" trouvée sur le site soluce.jeuxactu.com
-C'est Skyrim sur Xbox 360 (Univers fantastico-médiéval, un royaume en proie à la guerre civile, le tout sur fond de dragons). J'aime quand je suis libre et c'est vraiment le cas dans ce jeu. J'aime pas les jeux où on te dit constamment ce que tu dois faire, où tu dois suivre un chemin déjà tracé d'avance. Par exemple, le mode « Campagne » de Call of Duty, c'est vraiment horrible ! Skyrim, au contraire, c'est un monde énorme où tu peux faire ce que tu veux ! J'ai déjà passé 172 heures sur ce jeu !
Il enchaîne en me parlant du jeu qu'il s'est offert pour noël …
Pochette du jeu Dead Island Riptide
trouvée sur le site soluce.jeuxactu.com
-Dead Island Riptide sur Xbox 360 ! Tu dois survivre dans un monde apocalyptique envahi par des zombies. C'est un open world : t'es dans ta ville et tu remplis librement divers objectifs. 
Des zombies, des guerres, des dragons, des logos « -18 », voilà donc la démonstration de l'existence de cette fameuse violence inhérente aux jeux vidéos. Premier objectif parfaitement rempli pour la (non)journaliste tout à fait impartiale, neutre, dépourvue de tout cliché, que je suis.
Menant mon enquête d'une main de maître, je décide désormais de concentrer mes interrogations sur la phase « addiction » des jeux vidéos.
-172 heures passées sur un jeu, c'est énorme ! Ça représente 7.16666666667 jours  ! (Merci à toi, calculette de mon téléphone …) Dis-moi, combien d'heures joues-tu par jour ? 15 heures ? 20 heures ?
-Eh bien, en semaine, je joue de 16h jusqu'à 19h environ, ça dépend de l'heure à laquelle je finis le lycée. Donc, en gros, 3 heures. En week-end ou pendant les vacances, je joue toute l'après-midi puis le soir de 21h jusque vers 1h du matin … C'est vrai que ça fait quand même beaucoup …
-Et le budget ? On en est à combien par semaines ? Ou même par jour ? Tu t'es endetté ? T as dealé de la drogue dans ton lycée pour pouvoir te payer des jeux ?
-Euh … Non ! Je m'achètes des jeux dès que j'ai des sous pour mon anniversaire ou pour noël. Sinon je télécharge pas mal de jeux gratuitement …
-Ah ! Tu télécharges illégalement ! Tu es un hors la loi !
-Pas du tout ! Je télécharge des jeux gratuits, des Free to Play. Mais de temps en temps j'investis 10 euros pour améliorer mon personnage … J'ai un pote qui a dépensé plus de 500 euros en deux ans pour améliorer son personnage, mais moi je n'en suis pas là !
Plutôt raisonnable tout ça. Surtout en comparaison avec mon budget personnel en café depuis qu'on m'a offert une cafetière Georges Clooney …

Bref, je tente alors de comprendre comment cet adolescent si sportif, grand amateur de football, en est venu à sombrer dans la terrifiante passion du jeu vidéo.
Le château construit par Edouard et sa bande de citrouilles dans Minecraft
-Au début, je jouais surtout avec mes potes à des jeux tels que Call of Duty, Battlefied ou Fifa ... Tout a changé quand j'ai découvert Minecraft (un jeu de type « bac à sable » où le joueur est libre de tout créer). Dans ce jeu en ligne j'ai découvert un serveur rassemblant plus de 200 personnes avec tout un staff, des administrateurs, des modérateurs, … J'ai été super bien accueilli. Maintenant je suis le « chef » d'un groupe d'une vingtaine de personnes. On a crée nos propres personnages avec des têtes de citrouilles. On est devenu les plus puissants de notre serveur où 120 joueurs se rencontrent tous les jours. On joue en mode « chevalerie » c'est à dire qu'on construit un château, des défenses, des commerces … Ça prend du temps. Il faut passer des heures à gérer tes ressources, couper du bois, etc. Et pour construire un château, ça prend des jours ! Et on fait la guerre à nos voisins ! J'adore ce jeu car tu crées ton propre monde, tu es totalement libre. Tu peux tout faire ! Tu développes vraiment ta créativité. Tu peux exprimer ta personnalité dans le jeu. Quand j'arrive à construire un truc bien, je suis vraiment content de moi.
Il ajoute :
-Dans ma bande, il y a tous les âges. Ça varie de 15 à 34 ans. Il y en a qui viennent du Québec ou de Belgique. Il y a même deux femmes ! Mais elles ne jouent pas souvent, parce qu'elles doivent s'occuper de leurs enfants …
-Ces gens, tu les connais via le jeu Minecraft. Tu ne les fréquentes pas dans la vie réelle. Est-ce que tu les considères quand même comme tes amis ?
Autre vue du château de la bande des Pumkins
-Oui. Ce sont mes meilleurs amis. En fait non, ils sont plutôt une deuxième famille. Bien sûr, j'ai mes potes IRL (In Real Life), je sais faire la différence entre les deux. Mais, avec mes potes IG (In Game), on s'entend vraiment bien. On se voit tous les jours, on se raconte nos problèmes, … On parle de tout ! On est un peu des psys les uns pour les autres, rigole-t-il.
-Mais, tu ne confonds pas la réalité et la fiction ? Tu n'as pas l'impression de passer à côté de la vraie vie ?
-Je sais qu'il y a d'autres priorités dans la vie. Je suis toujours là quand il faut. Je suis mes cours, je m'intéresse à l'actualité. C'est vrai que j'ai arrêté de jouer au foot au même moment où j'ai découvert Minecraft, mais j'en avais juste marre de ce sport, ça ne me manque pas. En plus, on parle beaucoup de l'actualité avec mes potes de Minecraft ! On a même parfois des débats politiques hyper tendus !
-Est-ce que tu te considères comme un véritable passionné des jeux vidéos ?
-Bah, les jeux vidéos, … C'est ce que j'aime plus que tout. Ça me permet d'exprimer ma créativité. J'aime pouvoir faire des choix, me sentir libre. Il y a aussi des jeux, comme Minecraft, où je dois faire preuve de diplomatie avec d'autres joueurs, souvent plus âgé que moi, c'est vraiment intéressant ! … Un moyen de s'échapper du monde ... C'est exactement ça ! Il m'arrive souvent de stresser comme un con à propos de mon avenir : Est-ce que j'ai vraiment envie de faire ceci ou cela ? Est-ce que je vais y arriver ? etc. Dès qu'on joue, on oublie toutes ces choses. Je ne trouve pas personnellement que c'est être inconscient comme certaines personnes le pensent, on ne joue pas parce qu'on est incapable d'assumer nos responsabilités dans la vraie vie. Moi je vois vraiment ça comme un moyen de décompresser, de se sentir un peu revalorisé aussi, de se donner du courage. Les jeux ont des morales de plus en plus fondées sur le fait de croire en soi, d'avancer, de « prendre les cartes en mains » et bah c'est exactement ça. 
-Et qu'est ce que ta famille et tes amis pensent de tout ça ?
-Ma famille le prend plutôt bien, je crois.Sinon, mes amis, bah ce sont aussi des joueurs ! D'ailleurs, avec des potes du lycée, on joue à League of Legend. On a même déjà gagné un concours, au mois d'octobre dernier. Il était organisé par les sponsors du jeu et on a gagné plusieurs lots ! On s'était retrouvé dans la maison d'un copain, on était cinq. Alors qu'en temps normal, on n'arrête pas de se vanner, là, on a vraiment pris le jeu au sérieux ! L'ambiance est différente pendant un vrai tournois … Là, on se prend vraiment au sérieux.




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