A tout juste 19 ans, Clément Engel a la chance de pouvoir vivre de sa passion : les jeux vidéos. Responsable du magasin Jeuxvideo.fr situé à Saverne, il nous parle de son parcours scandé par un ludisme étonnamment sérieux.
Clément Engel |
Clément nous accueille
avec un sourire fort sympathique à l'arrière de sa boutique. Des
pochettes de jeux traînent dans tous les coins : play, xbox,
wii, game boy, bienvenu au paradis des geeks !
Très charismatique, ce
jeune homme éblouit par son sérieux et son sens de la
communication. Il est bien difficile de réaliser qu'il a tout juste
19 ans !
Il se remémore en
souriant les premiers jeux auxquels il a joué : « En
fait, c'était des jeux d'ancienne génération. Donc tout ce qui est nintendo 98, nintendo NES, nintendo 64. Ce sont de vieilles consoles
mais il y avait déjà des jeux bien sympa comme Mario … Ça
me rappelle vraiment de bons souvenirs ! Mais je ne peux pas en
dire plus, ce serait beaucoup trop long ! » rigole-t-il.
Un jeu semble tout de
même se distinguer dans le flot de ses souvenirs d'enfance : « Le jeu qui m'a vraiment le plus
plu, c'est Wolfenstein. C'est, il me semble, le premier jeu
sorti sur Jaguar au début des années 90 et, surtout, c'est le
premier jeu sorti en 3D, j'insiste bien là-dessus. C'est un jeu de
tir à la première personne, un peu comme Call of Duty. Il
est vraiment bien ! »
Clément maîtrise
parfaitement son sujet. Les jeux vidéos, ça le connaît !
Qu'il s'agisse des jeux les plus récents et innovants ou des plus
anciens totalement rétro, ce jeune passionné aux allures de premier
de la classe sait toujours de quoi il parle.
Parallèlement à sa
passion pour cet univers si ludique, il s'intéresse beaucoup à
l'informatique. Rien d'étonnant alors à ce qu'il réponde que, dans
les jeux, ce qui lui plaît le plus, « c'est l'avancée
technologique. Le jeu vidéo, à la base, c'était une simple
distraction mais, maintenant, c'est devenu quelque chose de vraiment
artistique. C'est impressionnant ! Il y a des œuvres
cinématographiques qui sont faites dans les jeux qui sont
magnifiques. »
En effet, l'industrie du
jeu vidéo est reine en matière d'innovations et fait preuve d'un
savoir-faire incroyable mis au service de jeux de plus en plus
réalistes. Les joueurs bénéficient par ailleurs d'une liberté d'action et de décision de plus en plus étonnante.
Image tirée du jeu Red Dead Redemption (site : jeuxvideo.com) |
C'est d'ailleurs ce que
recherche Clément dans les jeux : « J'ai des goûts très
variés. Il y a tout de même un jeu qui me plaît énormément,
c'est Red Dead Redemption qui est édité et développé par
Rockstar Games, qui a aussi développé GTA. Selon moi, c'est
le plus beau jeu. C'est un jeu qui est libre, on fait tout. L'action
se passe à l'époque du western. (ndlr : il s'agit d'un
GTA-like qui se déroule sur une map immense. Les paysages sont
réalistes et très détaillés tout comme les personnages que le
joueur rencontre au cours des diverses missions qu'il exécute). »
Quand on lui demande s'il
est plutôt un fervent de la play, de la xbox ou du pc, il répond :
« Je n'ai pas vraiment de préférence. En fait, en tant que
testeur, de par mon métier, je fais du multiplateforme, c'est-à-dire
que je joue un peu sur tout, depuis le pc jusqu'à la wii … Mais
c'est vrai que j'ai une petite préférence pour la Play, c'est une
console qui me plaît énormément. Cela tient bien sûr à sa prise
en main, mais aussi à sa variété. Il y a toujours eu un choix
énorme de jeux. C'est pourquoi je considère que Playstation a
vraiment marqué tout l'univers du jeu vidéo. »
Cet univers, Clément le
connaît sur le bout des doigts. Il explique : « J'étais
déjà il y a deux ans à la Paris Games Week (ndlr : le
salon du jeu vidéo référence en France, crée en 2008). C'est
vachement sympa ! On y découvre beaucoup de choses, autant des
jeux que des consoles mais aussi différents modes de publicité …
C'est un de mes plus beaux souvenirs ! Je suis aussi déjà allé
à Lyon, au QG de Jeuxvideos.fr où j'ai pu découvrir comment les
rédacteurs rédigent les articles qui présentent les jeux, comment
on fait de grosses publicités en ligne, comment on organise le
lancement d'un nouveau jeu, etc. »
Image tirée de la première interview télévisée de Clément (lien à la fin de l'article !) |
Clément parle en tant
que joueur mais aussi, et avant tout, en tant que professionnel. Il
prend son métier très au sérieux et s'intéresse autant aux jeux
en eux-mêmes qu'à toute la procédure commerciale qui les entoure.
En effet, il est entré dans le monde professionnel des jeux vidéos
par le biais de la vente :
« J'ai tout
simplement commencé par un apprentissage. J'apprécie énormément
les domaines de la vente et, surtout, de la communication. Après mon
CAP, mon patron, Ludovic, qui est aussi assez jeune, il a 29 ans,
avec qui je me suis toujours bien entendu, m'a donné un coup de
pouce. Il est très ouvert, à l'écoute des dispositions de chacun.
C'est en grande partie grâce à lui que j'ai eu la chance de me
retrouver à ce poste et je l'en remercie. Il a choisi de m'aider moi
parce que je suis jeune et que je connais énormément de choses sur
les jeux vidéos. »
« D'être le
responsable du magasin, c'est un mixe entre ma passion pour la
communication et ma passion pour les jeux vidéos. Le fait d'être au
courant de toutes les nouveautés, de pouvoir tester les jeux avant
leur sortie, … C'est vraiment un tout ! »
Clément explique à
propos de ses clients : « On a bien sûr des clients très
jeunes, mais en petite quantité. Contrairement aux plus âgés, qui
ont entre 20 et 30 ans, ils n'ont pas forcément la possibilité de
se payer des jeux à 70 euros … Ceux qui ont un travail n'ont pas
besoin de demander à papa et maman de l'argent de poche ! ».
Il ajoute d'ailleurs, à
propos de ses clients mineurs : « C'est un peu dommage que
les parents restreignent l'accès des jeunes à certains jeux. Je
peux comprendre que des jeux comme GTA peuvent choquer mais,
par exemple, interdire Call of Duty aux moins de 18 ans, je ne
comprends pas. Tous les jeunes regardent Les Experts ou ce
genre d'émissions, ils sont confrontés à la violence
quotidiennement à travers la TV. Alors interdire un jeu de guerre,
c'est un peu stupide ... ». Selon lui, « les jeux vidéos
ne rendent pas violents. En fait, tout dépend de l'éducation que
les jeunes reçoivent. Ça part vraiment de la façon dont les
parents éduquent leurs enfants. »
Image tirée du jeu Grand Theft Auto V sur playstation 3 (site : jeuxvideo.com) |
Parallèlement au cliché
des jeux vidéos qui rendent violents, il dénonce également le
topos du jeu comme responsable de la désocialisation des jeunes. Il
évoque à ce propos le sujet des no life (ndrl : terme
anglais désignant des personnes submergées par une véritable
addiction à leur passion qu'ils vivent au détriment de leur vie sociale) :
« C'est vrai qu'il y en a qui peuvent éprouver plus de passion
pour les jeux vidéos que d'autres, mais de là à parler de no life
… Pour moi, un no life, c'est un terme spécial qui ne correspondra
jamais à un jeune. De 8 à 15 ans, c'est là qu'on découvre les
jeux vidéos, on a forcément très envie d'y jouer, on passe beaucoup de temps derrière sa console, mais c'est normal.
Un no life, c'est plutôt un mec de 30-40 ans qui, au lieu
de travailler, d'entretenir une vie sociale et familiale, va rester à la
maison, devant l'écran pendant vraiment beaucoup, beaucoup
d'heures. »
Image tirée du jeu Beyond : Two Souls (site internet : jeuxvideo.com) |
En tant que véritable
passionné des jeux vidéos, Clément animait sa propre chaîne
youtube sur laquelle il testait des jeux et donnait son avis. S'il a
été récemment contraint de fermer sa chaîne pour des raisons
personnelles, il nous parle tout de même de cette nouvelle mode qui
fait des ravages au près des jeunes geeks :
« En gros, je
me filme en train de jouer. J'ai la chance de recevoir les jeux avant
qu'ils sortent ce qui me
permet de balancer les vidéos sur internet
en avant-première. Je n'ai pourtant pas la réputation d'un DiablOx9 par exemple. (...) Tous les jeunes veulent poster leurs exploits sur
youtube. Que ce soit avec un smartphone ou un HD PVR, c'est ce qui permet de
réceptionner la vidéo puis de la ressortir sur internet. C'est
assez tendu du coup pour réussir à se faire connaître du grand
public. Pour un amateur, un p'tit gars de la campagne comme moi,
c'est quand même correct car, en règle générale, j'ai 500 vues par vidéo. Après, sur Saverne, il y a Mister Elsass qui est le best sur le secteur ! Il arrive à faire beaucoup de vues sur internet, parfois jusqu'à 5000 par vidéos, même plus. Vraiment, félicitations à lui. »
Image tirée du jeu Battlefield 4 sur PC (site : jeuxvideo.com) |
A la fin de l'entretien,
Clément explique qu'il envisage par la suite de quitter
professionnellement l'univers du jeu vidéo. Il confie : « On
me considère souvent comme un mec qui n'a pas de vie sociale, pas
d'amis, qui ne sort jamais. Comme si je ne vivais que pour le jeu
vidéo ! C'est totalement l'inverse ! Les gens qui ne me
connaissent pas ne me prennent pas au sérieux à cause de mon
métier. Franchement, je ne serais pas contre un autre travail où je
pourrais arborer un costard-cravate tout au long de la journée ! »
Cette réflexion étonne
car il suffit d'échanger quelques mots avec ce charmant jeune homme
pour réaliser qu'il est très professionnel, sérieux et
terre-à-terre. D'une très grande gentillesse, Clément envisage
d'ailleurs de prendre contact avec la mairie de Saverne afin de
s'engager auprès des jeunes : « C'est un peu mort sur
Saverne et alentours. Il n'y a pas grand chose qui se passe pour les
jeunes. J'aimerais pouvoir organiser des soirées de jeux :
poker, jeu vidéo, etc. Pour que les jeunes puissent se rassembler et
s'amuser ensemble. »
Clément, en fait, c'est
un peu le parfait gendre, ou le parfait grand-frère.
La première interview télévisée de Clément :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=u2mGZ5MasBY
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