mercredi 10 février 2016

Sadie von Paris : Flirter avec l'underground

C'est à l'occasion de "Strasbourg mon Amour" que j'ai rencontré la sublime Sadie Von Paris. Nous nous sommes retrouvées au Graffalgar où elle expose quelques-unes de ses plus belles œuvres, en compagnie d'un autre artiste, Stew.

Toutes les photos publiées dans cet article sont de Sadie Von Paris
"Mon travail est dédié à la jeunesse en général, et une grande partie aux femmes."

"La photographie est un excellent moyen de support pour exprimer ce que j'aime le plus. La jeunesse, bien sûr, et les femmes aussi. De toute façon, je n'ai jamais caché que je suis lesbienne."
Sadie est cool et sûre d'elle, incroyablement belle. Elle est, à l'image de son art, sans complexe, plongée avec passion dans l'underground, l'alternatif, le désir de vivre en toute liberté.
"Le problème dans la société actuelle c'est que, d'un côté, il y a beaucoup d'images de femmes très vulgaires qui sont affichées partout, et de l'autre côté, le quotidien est envahi par la pudeur ... On ne sait plus ce qu'on peut faire ou non, vers quoi se tourner ..."
Sadie, qui dévoile souvent des corps nus dans ses photographies, tout en posant elle-même régulièrement dénudée en tant que modèle, m'explique : 
"La nudité n'a rien de vulgaire selon moi ! Nous sommes tous nés nus après tout ! ... En fait, je pense que toutes les femmes devraient s'assumer, sans aucun complexe, dans toute leur élégance. Chaque personne est belle, on a tous en nous plein de choses qui nous font briller."
"J'aime montrer des filles qui, sans correspondre aux canons de beauté habituellement véhiculés, sont à l'aise comme elles sont. S'il y a bien un message que j'aimerais faire passer, c'est celui-là : il faut se sentir bien dans son corps et profiter de la vie ! Il faut le faire maintenant, vivre les instants présents !"

"Ne pas se mettre de barrières"

"J'ai commencé dans le monde de la photo en tant que modèle. Je pose nue, j'ai toujours voulu le faire d'ailleurs, je trouve ça intéressant ... Et, surtout, je n'ai jamais voulu me mettre de barrières."
"Ça coulait de source pour moi que je me lance ensuite en tant que photographe."
"J'ai commencé en faisant des auto-portraits, puisque j'étais la modèle que j'avais sous la main ! Et j'ai appris sur le tas. Parfois, je demandais des conseils aux photographes pour qui je posais. Puis, au fur et à mesure, j'ai commencé à montrer ce que je faisais, à démarcher des modèles ..."
"De ne pas avoir appris la photo dans des cours etc, ça me permet aussi, je pense, de ne pas faire comme tout le monde, de ne pas entrer dans le même moule !"
"Ça ne me dérange pas qu'on voie une prise électrique, que le cadrage ne soit pas droit, etc. On s'en fout, j'aime ce foutoir !"
"S'il y a bien une chose qui m'inspire, ce sont les pochettes de vinyles : ce format carré, avec toutes ces illustrations, plein de photos qui se mélangent ... Il y en a certaines de Nina Hagen par exemple que j'aime beaucoup !"
Je demande alors à Sadie de m'expliquer comment elle procède pour ses séances photos, comment la magie s'opère : "La plupart du temps, je rassemble des amis, je leur dis de porter les fringues qu'ils aiment, je mets de la musique, on se détend, et je les photographie. Parfois, je vais leur dire "Stop ! Ne bougez plus !" ou "Refais-ça" si je n'ai pas eu le temps de prendre en photo un mouvement ou une attitude qui m'a plu."
"Disons que je crée une situation, je donne un axe, tout en faisant quand même des prises sur le vif. Je ne veux pas que les modèles soient figés, paralysés, pour que je puisse prendre ma photo, ça ne m'intéresse pas."
"Si tu regardes mes photos, tu constateras que je travaille souvent avec les mêmes modèles, des personnes de mon cercle. J'aime bosser avec elles déjà pour donner de la continuité à mon travail mais aussi parce que je sais que je peux tout leur demander, même des choses assez dark, c'est une question de confiance mutuelle."

"Le contact humain"

Sadie a déjà publié ses œuvres dans différents magazines comme Well Well Well, un magazine lesbien indépendant : 
"Il n'y a pas beaucoup de supports qui représentent la population LGBT, alors je suis vraiment contente de pouvoir participer à un sujet qui me tient tant à cœur, que je défends. En plus, c'est un beau support, c'était vraiment une chouette expérience ..."
"J'ai aussi récemment fait quatre photos pour Le bateau, un magazine orienté vers l'érotisme, auquel différents artistes participent, des écrivains, des dessinateurs, ..."
"C'est une nana qui a crée ça, grâce à un Kiss Kiss Bank Bank. Ça a vraiment de la gueule ! J'adore ce genre de projets ! C'est vraiment sympa de pouvoir participer à ça, c'est très intéressant, totalement différent de ce qu'on voit dans la presse nationale habituelle ..."
Mais s'il y a bien une chose que Sadie apprécie aussi, ce sont les expos  "J'adore rassembler les gens ! J'aime rencontrer de nouvelles personnes, et pouvoir échanger. Je crois que c'est pour ça que j'aime tant la photo, en fait, pour le contact humain."
"Je me souviens d'une expo géniale que j'avais fait à Marseille. C'était plus une "performance". J'avais rassemblé plein de monde autour de mes photos, les gens pouvaient venir avec leurs instruments pour jouer, ... C'était une ambiance incroyable !"
"A un moment donné, j'ai pris un micro et j'ai crié que, dans cinq minutes, toutes mes photos devaient être parties. Les gens pouvaient prendre gratuitement mes œuvres que j'avais fait imprimer sous forme d'affiche. C'était génial !"
"Il y avait même une vraie solidarité qui s'était mise en place, les plus grands aidaient les plus petits à décrocher les photos en hauteur, etc. Et au bout de cinq minutes, il n'y avait plus rien !"

"Je connais bien Strasbourg, je sais apprécier tous les bons côtés de cette ville"

De passage sur Strasbourg, Sadie en a également profité pour photographier des élèves de la Luna Moka's Burlesque School. Elle me raconte : "C'était un vrai challenge ! Aussi bien pour les filles, qui
n'ont pas l'habitude de poser, que pour moi, parce que je devais réussir à les mettre à l'aise, et parce que je travaille rarement comme on l'a fait, avec des shootings rapides d'une demi-heure."
"Mais je suis très contente, les nanas avaient plein de tenues, elles se sont vite détendues devant l'objectif. Le résultat est génial !"
Sadie reste le temps de l'expo sur Strasbourg, avant de repartir sur les routes. Cette ville est loin de lui être inconnue puisqu'elle y a résidé pendant un an. "Ce n'est pas la première fois que j'expose ici : il y avait La Popartiserie, à l'occasion de la gay pride, et Avila, un salon de coiffure situé au centre-ville."
"Je connais bien la ville, et c'est toujours un plaisir de revenir ici, de revoir des amis ... Il y a une ambiance particulière à Strasbourg, c'est un peu comme si tout le monde se connaissait, comme si ce n'était au final qu'une petite ville. C'est quelque chose qu'on ne retrouve pas ailleurs."

Pour suivre le travail de Sadie, rends-toi sur sa page facebook !





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