mardi 28 juin 2016

Ma toute première Scar ! Réalisée par Skin Of Steel

Ça s'est passé comme ça : il était tard le soir, il faisait chaud, si chaud, j'étais presque nue ... Je m'égare. 
Il était tard ouais, je squattais dans mon jogging Adidas, m'abrutissant devant mon ordinateur, quand, tout à coup, ma conscience fut heurtée par une nouvelle pas comme les autres :
Skin Of Steel, artiste de très grand talent, plus qu'apprécié dans le milieu du Bod Mod, est en guest à Strasbourg, chez Contraseptik !
Je suis incroyablement fan de son travail, de ses implants, ses tatouages ... Mais, surtout, ses scars !
Alors je n'ai pas hésité une seconde, je l'ai contacté, et j'ai pris rendez-vous. A moi la scar !

Coucou ma cuisse ! Photo by Skin Of Steel
J'ai toujours été fascinée par le Bod Mod. Tattoo, scar, implants ... Je ne saurais expliquer pourquoi mais putain qu'est-ce que j'adore ça ! Bien avant de me faire mon premier tattoo, je savais que j'irai plus loin, que l'encre ne me suffirait pas. Je savais que je ne pourrais pas résister à l'appel du scalpel !
Bien sûr, je suis une très grande admiratrice du travail de Lili de Contraseptik. Mais, tant qu'à faire, j'me suis dit : autant marquer le coup ! Tous mes tatouages sont faits par des artistes locaux alors changeons un peu !
Skin of Steel est basé à Lyon mais il fait pas mal de guests un peu partout en France. 
Je l'ai contacté via Facebook pour lui parler de mon projet.
Bon, à la base, je voulais un big truc sur toute la cuisse, un immense cœur avec une tête de mort et tout. Mais les finances ne suivent pas toujours ...
Je lui ai donc montré un coeur un peu stylisé, tiré de la série Fear the Walking Dead en lui demandant d'y ajouter un lettrage "Away with you", autre clin d’œil à Walking Dead cette fois-ci.
Tu t'en doutes, ces deux motifs signifient tellement plus à mes yeux qu'une simple référence à deux séries (que j'adore néanmoins). Mais ça, on s'en fout, nan ?

(Image prise sur la page Facebook de Skin Of Steel)

Skin Of Steel m'a très rapidement répondu. On s'est mis d'accord sur la taille, il m'a indiqué le prix, et le rendez-vous était fixé !
Alors j'dois tout de même dire que, pour moi, la scarification est un acte comme un autre. Dans le sens où c'est un peu comme si je me faisais simplement un nouveau piercing, ou un autre tattoo. Rien de plus.
C'est pas du tout ce qu'en a pensé mon entourage.
J'ai eu droit à toutes sortes de réactions, tu t'en doutes bien, ironiques comme antipathiques, mais voici celles qui revenaient le plus souvent :

          -T'es consciente que c'est un truc que tu vas garder à vie ? (Wlh frère ! Tu peux faire mieux ! C'est trop banal ça, j'y ai droit pour chaque tatouage.)

         - Non mais ça va ressembler à quoi au final ? J'arrive pas à comprendre. (Même après la cinquantaine de photos que je viens de te montrer ?)

         - Est-ce que les poils vont repousser dessus ? (Soit, cette question, on ne me l'a posé qu'une fois, mais je l'ai trouvé tellement fun que je me devais de la marquer !)

         - Tu vas avoir trop mal !

Dis comme ça, cette dernière remarque semble tout à fait anodine. Mais non. C'est tout le contraire. Parce qu'arrivé à H - 1, quand tu te diriges vers le shop, tout ce que tes potes ont pu te dire à propos de la douleur se met à résonner dans ta petite tête, du genre : "Tu vas en chier grave meuf ! Tu auras tellement mal que tu vas le supplier d'arrêter ! Tu vas vomir, ou même t'évanouir !"
Et toi t'es là, à n'avoir jamais pensé à la douleur, parce que c'est pas un truc qui compte pas à tes yeux. T'es là, à te mettre à stresser comme une grosse malade, à cause de ce que des mecs qui n'y connaissent rien ont pu te dire.
Merci les potes ! Je suis trop heureuse de vous avoir dans ma vie ...
En plus, j'étais venue avec une copine, histoire de trouver du réconfort auprès d'elle. Mais Skin Of Steel nous l'a annoncé : pas de témoins. (Merci quand même Olympe de m'avoir accompagné !)

Photo prise le jour J !
On est allé dans une petite pièce au fond du shop. Il a déballé les jolies petites lames toutes neuves devant moi. Pour la suite, c'est comme pour le tattoo : on nettoie bien la peau, et on pose le stencil. Je n'avais plus qu'à m'allonger !

Il a commencé à préparer tout le matos à côté de moi. Avec son masque et ses gants, j'avais l'impression que le beau gosse ultime s'était transformé en boucher ...
Et là, je te l'avoue, j'ai trouvé le plafond vraiment passionnant ... Fascinant même. Pas moyen de regarder ailleurs !
Alors tu peux te moquer de moi autant que tu veux ! Pour le coup, je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Alors j'me suis contenté de regarder ailleurs. Comme pour mon premier tattoo. Et ma première baise.

Skin Of Steel a commencé par le lettrage. Et je dois dire que ça ne faisait pas si mal que ça ! J'ai donc osé regarder, la lame pénétrer tout doucement dans ma peau, avec finesse et habileté. Progressivement, ma cuisse se transformait. Le dessin se créait. La scar prenait vie.
Il me l'avait pourtant dit : c'est bien plus doux qu'un tattoo. Certes, c'est douloureux, mais loin d'être horrible. La sensation est au final assez agréable. Alors qu'avec les aiguilles des tatoueurs, la peau se sent comme agressée, là, il n'en était rien.
Douceur, c'était vraiment le mot. Une douceur douloureuse.
Alors je ne vais pas te mentir non plus. Y a des moments où je ne faisais pas la fière. Et là, je tiens à remercier très sincèrement Skin Of Steel ! Il a eu la grande gentillesse de me faire la conversation tout le temps. On a parlé série, musique, animaux domestiques, ... Le fait de papoter aussi légèrement avec lui m'aidait à penser autre chose, à ne pas me focaliser sur la douleur.
Le tracé continuait. Ça allait vite. Je discutais, j'écoutais la musique, je regardais la lame et le dessin qui progressait à la perfection. Je me sentais heureuse.

Une fois le lettrage fini, il a commencé les contours du cœur. 
Plus il montait vers l'intérieur de ma cuisse, plus la sensation devenait intense. (Cette phrase, tirée hors de son contexte ...)
L'important étant évidemment de ne pas contracter ses muscles. Tu te contentes de bien respirer, et tout va bien. 

Aussi tôt dit, aussi tôt fait ! Première partie exécutée ! J'étais soulagée que ce soit fini, fière aussi du magnifique travail que Skin Of Steel a exécuté, et ravie que tout se soit bien passé.
Il a bien tout nettoyé et a mis du gel pour anesthésier la cuisse. Pas cool, ce gel, ça picote. 
On a fait une pause d'une petite dizaine de minute et on a repris : c'était le moment du peeling !
Comme il me l'avait promis, je n'ai absolument rien senti. Rien du tout ! Merci, gel anesthésiant ! Parce que, de toi à moi, le cutting, j'aurais pas pu.
Il était là à arracher progressivement la peau pour former correctement le cœur, et j'étais poseyyyy au calme.
C'était assez marrant dans la mesure où, une fois le cœur fini, il s'est retrouvé avec un long et fin lambeau de peau entre sa pince qu'il m'a tendu en me demandant : "Hey ! T'as faim ?"
Il a également fait des mini-peeling au niveau du lettrage, ce qui a notamment été nécessaire à cause d'anciennes cicatrices que j'avais sur la cuisse et qui rendaient son travail moins régulier.

Bon bah voilà ! C'était fait !
Il a enrobé le tout de vaseline, a mis des compresses et a entouré ma cuisse dans du cellophane. Il m'a donné des consignes, qu'il m'a également envoyé via Facebook, et le tour était joué !
Encore sous l'effet du gel anesthésiant, je me pavanais dans la ville, au septième ciel. Quand j'ai du sortir du train pour rentrer chez moi, c'était pas là même. Et là t'apprends l'art de boiter bêtement tout en gardant un sourire hyper fier.

En tous cas j'étais vraiment épatée par la qualité du travail de Skin Of Steel. Le tracé était d'une finesse impressionnante, notamment pour le lettrage, la beauté des arrondis, la grâce du moindre détail.
Je peux te dire que je l'ai chaudement remercié, y compris pour m'avoir permis de me sentir aussi rapidement en confiance, et à l'aise. Parce que, crois-moi, ça compte beaucoup !

Passons aux soins maintenant !
Ils durent deux semaines.
D'abord, pendant 4 - 5 jours, tu dois, deux fois par jour, nettoyer la scar, l'arroser de jus de citron puis la tartiner de vaseline et l'a laisser reposer sous du cellophane tout le reste du temps. Le but est le suivant (je cite Skin Of Steel) : "étouffer la plaie qui vient d'être agressée. De cette manière, la
Là on est à J + 17
cicatrisation sera difficile pour ta peau, et celle-ci va créer une excroissance de protection sur toute la plaie, ce qui lui donnera le relief espéré".
On m'avait prévenu : les soins, c'est chiant. 
Un bon conseil donné par Skin Of Steel : mets le jus de citron au frigo. Comme ça, quand tu arroses ta scar, tu as d'abord une banale sensation de froid. Ce n'est qu'après que ça picote.
Les premières fois, j'avoue, j'ai bien serré des dents. Et puis après ça allait quoi. C'est sûr que tu vas pas avoir un orgasme en le faisant, hein, mais tu vas pas hurler de douleur non plus, loin de là !
Après le citron, viens la vaseline. Et ça, c'est la merde, parce que ça colle au doigt, et c'est super chiant à étaler.
Et pour finir cello, en mode "ma cuisse est un gros jambonneau". C'était pas super cool d'ailleurs, d'être emballé comme ça.
Du coup, j'me suis cru super maline, j'me suis dit : Meuf ! Plutôt que d'entourer toute ta cuisse, va acheter du scotch pour la peau (je sais pas comment ça s'appelle), histoire de scotcher le cello autour de la scar. Comme ça, plus besoin d'emballer toute ta cuisse !
Je l'ai fait une nuit. Le lendemain, j'avais des boutons partout où j'avais posé les sparadraps. Genre, j'avais tout fait pour éviter une infection, et il a fallu que je fasse une réaction de merde à ce scotch à la con ! Nan mais y a qu'à moi que ça arrive !
Bref, c'est anecdotique. En parlant d'anecdote, y a un autre truc que j'ai envie de te raconter :
Alors c'est l'histoire de Lulu qui entre dans un supermarché pour acheter trois gros tubes de vaseline. Et là, à la caisse y a le vendeur, un moche, qui la regarde avec un sourire de pervers et qui lui dit :
     - Hey ! Ma p'tite dame ! Pas besoin de tout ça, un peu de salive, ça suffit amplement !
Je lui ai alors montré ma scar toute fraîche et j'ai dit que je ne voyais pas le rapport entre ma scar et de la salive. Il a tiré une de ces gueules ! J'ai trop rigolé.

Bref, la première partie des soins s'est formidablement bien passée. 
On entre donc dans la seconde phase ! On retrouve à cette occasion le combo vaseline-cello, mais que pour 12 heures cette fois-ci. Le reste du temps : on applique de la Bétadine (le tube jaune) pour assécher et on laisse aérer. Enfin, tu peux admirer ta scar, au calme. Enfin, tu peux te vanter en la montrant à tout le monde.
Et pendant ce temps, des petites croûtes se forment. Miam, miam, c'est sexy tout ça. Ça le devient encore plus quand tu sais qu'il faut frotter ces croûtes avec une brosse à dent.
Alors oui, c'est plutôt douloureux. Mais surtout, moi, ça me faisait presque tourner de l’œil parce que je trouvais cette étape hyper dégueu. On a tous des trucs comme ça, nan ? J'veux dire des choses qui nous rebutent, sans qu'on sache trop pourquoi.
Par exemple, je déteste avoir une écharde. Je suis incapable de l'enlever moi-même parce que ça me fait tourner de l'oeil. Et quand quelqu'un veut l'enlever pour moi, je me débats et je crie, comme si j'allais en mourir.
... En fait, je crois que je suis simplement bizarre.

Love les croûtes
Bon, à part ça, tout s'est très bien passé !
Après 15 jours plus besoin de soin. La scar ouverte, rougeoyante (qui devenait toute blanche - moche après la douche au citron) a désormais laissé place à un magnifique tracé rouge framboise.
Il ne me reste désormais plus qu'à attendre sagement pour voir le résultat final. Mais je ne suis pas pressée, au contraire, c'est un réel plaisir de voir sa scarification évoluer avec le temps.
J'espère tout de même que ma peau réagira comme je le souhaite, seul le temps le dira !

Bordel ! Ça fait un sacrément long article ! Chapeau à toi, et merci, si tu as eu la patience de me lire jusque là ! Si d'aventure tu souhaites en savoir plus sur ma propre expérience, sache que tu peux me contacter via la page Facebook de mon blog.
En tous cas, il n'y a aucune raison de dramatiser, que ce soit pour la scarification en elle-même, ou les soins.
Il est primordial de suivre les conseils que te donnera l'artiste, d'avoir une bonne hygiène et, surtout, de bien choisir celui qui te fera ta scar justement ! Un vrai artiste, reconnu dans le milieu du Bod Mod, à l'image de Skin Of Steel ou Lili de Contraseptik. Histoire d'éviter des trucs qui pourraient se révéler graves et / ou moches ...

Pour conclure cet article (qui n'est pas déjà assez long comme ça, tu en conviens) je souhaitais ajouter quelques mots à propos des réactions de mon entourage.
Je suis super contente de voir qu'au final, une fois la scar réalisée, même les plus réticents ont admiré le travail de Skin Of Steel, ajoutant que c'est très joli et que ça me va bien. Et, sérieux, je ne m'y attendais vraiment pas !
Bon, généralement, ça donne ça : "Vraiment c'est magnifique ... MAIS je ne me le ferai jamais !" De toi à moi, je trouve ça très cool, que tout le monde ne décide pas tout à coup de suivre mon exemple ça me permet d'être un peu underground !

Allez, prochaine étape, TONGUE SPLIT ! (C'est de l'ordre du fantasme en fait ... Quoique ...)

Merci de m'avoir lu !


Et n'oublie pas de suivre la page facebook du génial Skin Of Steel !!!





Les différentes œuvres de Skin of Steel
Photo prise sur sa page Facebook




dimanche 26 juin 2016

Raph : pour la passion et la créativité.

Raph, pour faire simple, c'est plusieurs personnes en un. Un peu comme une lessive et un doux-linge, ou un shampoing et un après-shampoing. Parce qu'il est à la fois un dessinateur, un tatoueur, un enseignant, un photographe. Un mec bien. Un passionné, un créatif, un artiste.
Rencontre avec une personnalité époustouflante ...


Toutes les photos ont été prises sur les différentes pages Facebook de Raphaël, avec son accord.

Professeur pour l'EPCM (école de coiffure et d'esthétique), Raphaël enseigne également à Métamorphoses (Make-Up et SFX) deux options : "portrait" et "créatures designs", en plus d'avoir son propre salon de tatouage ouvert depuis le 1er février 2016.
"Tout cela demande beaucoup de temps. Je travaille en semaine à l'école, puis au début, je passais tous mes week-ends au shop à tatouer. En plus des dessins à préparer, de tous les messages auxquels je dois répondre, je n'étais quasiment plus à la maison. Actuellement, j'essaye de mieux gérer mon organisation, pour avoir un peu plus de temps pour moi ..."

"Passer de la feuille à la peau"


"Il y a un an approximativement que j'ai commencé à tatouer, d'abord sur des peaux synthétiques.  Par rapport aux autres tatoueurs, je m'y suis mis sur le tard puisque j'ai commencé à 32 ans ! "
" Le fait de dessiner autant, et de faire des dessins très minutieux, m'a aidé ... Mais j'ai tout de même eu beaucoup de mal à sauter le pas ! J'avais peur de faire mal, ou de louper quelque chose. Tu peux demander à ma femme, c'est la première personne que j'ai tatoué, et j'ai beaucoup hésité !"
"J'ai commencé par tatouer des membres de ma famille, puis des personnes qui suivent ma page d'illustrateur. Il y en a beaucoup qui ont déjà acheté certains de mes dessins et qui souhaitent désormais aller plus loin, passer de la feuille à la peau. Et le cercle des clients s'élargit progressivement. "
"Le bouche-à-oreille fonctionne vraiment bien. Quand les gens sont contents, ils en parlent à leur entourage qui prennent alors contact avec moi."

"Je passe énormément de temps à parler du projet de tattoo avec les clients. Il y en a pas mal qui viennent avec des idées très vagues. Il faut donc beaucoup échanger pour comprendre ce qu'ils veulent vraiment.
Pour le moment, tous mes clients ont été contents dès le premier dessin, mais c'est parce qu'on a longuement échangé avant, parfois pendant cinq heures."

Si Raph a attendu avant de passer du papier à la peau, ce n'est pas pour autant qu'il n'a jamais été intéressé par le tatouage avant. Loin de là ...
"Mon premier tattoo ? Je l'ai fait à 18 ans. D'ailleurs, je m'entendais très bien avec mon tatoueur. Il m'a proposé de travailler avec lui, mais sa femme me trouvait trop jeune, et puis à l'époque j'étais étudiant. Avec 40 heures de cours par semaine, et mon travail au Mcdo, je n'avais que très peu de temps pour créer."
"J'ai donc laissé courir. Ce n'est qu'au moment où je suis arrivé à Strasbourg qu'un tatoueur de Paris m'a proposé de travailler avec lui. Mais je venais de partir de cette ville, j'avais tout quitté, alors je n'allais pas faire demi-tour."
"C'est quelque chose qui m'a toujours travaillé en tous cas. Je n'ai simplement pas eu de bonnes opportunités avant."


"Une pause dans le dessin pendant plusieurs années"


Je lui demande alors de revenir sur son parcours :
"J'ai voulu quitté le collège pour aller dans une école d'art. Ma conseillère d'orientation ne voulait pas elle ne m'en disait pas capable, parce que mes notes étaient trop basses. Elle voulait que je me dirige vers la vente, le commerce, mais ce n'est pas quelque chose dont j'avais envie."
"En dépit de ses avertissements, j'ai envoyé mon dossier à une école d'art sur Paris, une publique, et
ma candidature a été retenue. J'ai fait un CAP de dessinateur d'exécution en communication graphique."
"C'était très artisanal, nous n'avions que très peu de cours d'informatique. On devait tout faire à la main, y compris le lettrage, avec de l'encre de chine. On a aussi appris à faire des photos en argentique, qu'on développait entièrement nous-même dans une chambre noire."
"J'ai ensuite fait un BT de dessinateur maquettiste, à nouveau sans informatique. C'était très traditionnel, et c'est ce qui me plaisait."
"J'aurais aimé poursuivre les études, mais j'ai arrêté. Les écoles que je visais étaient vraiment très dures, et puis j'ai eu un enfant jeune, j'ai donc voulu travailler."
"J'ai d'abord cherché un emploi dans la pub, mais on me claquait toutes les portes au nez car on exigeait 7 ans d'expériences !"
"Puisqu'il fallait bien payer les factures, j'ai bossé au Mcdo, dans le bâtiment, puis comme responsable dans un magasin ... J'ai fait une grosse pause dans le dessin pendant plusieurs années."

"Je me suis remis au dessin en revenant sur Strasbourg, et grâce à l'école Métamorphoses. J'ai rencontré le responsable de Méta qui m'a demandé de devenir prof. Cela a nécessité plusieurs démarches auprès du rectorat ! Et ça a fait beaucoup jasé à l'époque car il y avait peu d'enseignants qui passaient ainsi par la "petite porte". "
"C'est en tous cas une grande chance de connaître les responsables de Méta. Je leur dois beaucoup. Ils sont d'ailleurs devenus des amis, et ils seront les témoins à notre mariage !"

J'ai personnellement découvert Raph et ses œuvres via sa page Facebook. Je lui demande de m'expliquer comment l'idée lui est venu de la créer :
"J'ai crée ma page Facebook Les dessins de Raph il y a environ trois ans, en même temps que j'ai crée celle pour ma femme, Mad'Moiselle Lelaya."
"Ce sont vraiment mes proches qui m'ont encouragé à le faire, à partager mes dessins. J'ai d'abord émis des réticences parce que j'ai du mal à être satisfait de mon travail. Au début, les dessins me plaisent, puis, à force de les regarder, je sens que je pourrais toujours les améliorer. Et puis je trouvais cela trop prétentieux aussi ..."
"Au final, cela a bien fonctionné, j'ai plus de 4200 likes !"
Raphaël se sent bien plus à l'aise désormais. Il anime ses pages Facebook grâce à des publications régulières, quelques concours mais aussi des petites phrases touchantes, sincères et teintées d'humour.

"J'aime beaucoup de styles, et j'aime dessiner plein de choses."


Pour continuer l'interview, je décide d'aborder la question de son style si particulier, et vraiment impressionnant. Ses dessins en noir et blanc très réalistes, ses tatouages colorés hyper mignons, et les sujets abordés : des fleurs, des animaux, des Batman, ...
"On me dit souvent que j'ai un style particulier, mais je dois dire que je ne m'en rends pas compte ! D'ailleurs les personnes ne perçoivent pas du tout de la même manière mon travail : pour ma mère je ne fais que des trucs très sombres, morbides, des monstres. Alors que si tu regardes sur ma page : 80% des personnes qui me suivent sont des filles ! Et c'est pareil pour mes clients. Je dois donc avoir un style plutôt féminin."
"Il est vrai que je fais moins de tatouages en couleur par rapport au noir et gris mais c'est surtout parce que les clients me demandent plus de blackwork. C'est notamment le cas pour ceux qui viennent me voir parce qu'ils apprécient mes illustrations qui sont pour le coup majoritairement sans couleurs, sauf exception."
"Cependant je fais de plus en plus de tattoos en couleur, notamment pour les effets "aquarelle" qui sont très demandés. Ça me fait plaisir car j'aime travailler la couleur, je trouve que c'est assez agréable."

"Ceux qui ont entièrement confiance en moi, qui apprécient mon travail, me donnent souvent carte blanche, je peux alors faire le dessin à ma sauce. Mais pour les autres, qui ont des projets plus personnels, je m'adapte, ce n'est pas un problème."
"Il y a trop de tatoueurs qui refusent des clients parce que les projets ne correspondent pas à leur style. Ce que je peux comprendre ! Mais je n'en suis pas là."
"Et puis ce que je veux plus que tout, c'est faire plaisir aux gens ! Quand les personnes sont contentes de leur tattoo, c'est juste génial !"

"J'aime beaucoup de styles, et j'aime dessiner plein de choses. J'adore dessiner des animaux, mais aussi des personnages de Marvel, et puis des dessins d'ornement !"
"En ce moment, j'essaye d'allier réalisme et graphisme. C'est par exemple le cas pour la série que j'ai lancé avec les animaux mi-graphiques mi-réalistes. Ils traversent un triangle et se transforment, devenant tout à coup graphiques. J'aime ce mélange des genres."

"J'essaye d'aborder la photo comme une illustration"


Pour terminer l'interview, je demande à Raph de me parler un peu de sa passion pour la photo, puisqu'il a depuis peu une nouvelle page : Rapha-Hell Photographies !
Modèle : Mad'Moiselle Lelaya !
"Je ne fais de la photographie que depuis peu de temps. Mad'Moiselle Lelaya et moi-même avons récupéré un appareil photo en novembre 2015, qui nous a été gentiment donné par un ami."
"On a donc commencé à faire des photos ensemble. On a plein d'idées, et j'en ai profité pour expérimenter un peu. Au début, c'est surtout elle qui m'apprenait des choses."
"Je trouve que la photo a un côté facile dans la mesure où elle ne demande pas beaucoup de temps, notamment par comparaison avec l'illustration. Et puis, pour le dessin, tu pars d'une page blanche, tu crées à partir de rien, ce qui est très complexe. Au contraire, pour la photo, on a déjà un fond, un sujet, un décor."
"Ça me permet de m'exprimer autrement, et c'est ce que j'apprécie."
"J'aime les photos avec plein de couleur ! Et je ne fais que très peu de retouches. Je modifie un peu les contrastes et la colométrie sur Lightroom et j'ajoute des petits effets."
"J'essaye d'aborder la photo comme une illustration, et les gens le ressentent. J'aime les belles compos. J'aimerais aller plus loin d'ailleurs, en alliant photo et dessin, mais c'est compliqué, car cela demande beaucoup d'investissement, et du temps pour apprendre à maîtriser les logiciels. J'avais par exemple songé à imprimer les photos puis à les retravailler au dessin ..."

Tu l'auras compris, Raph est un artiste complet, un passionné ...


Il ne te sert plus qu'à le suivre sur ses pages Facebook !


          Les dessins de Raph


          Rapha Hell Photographies


Et si tu es curieux tu peux voir l'article ici que j'avais réalisé sur sa magnifique femme, la modèle Mad'Moiselle Lelaya !