jeudi 21 juillet 2016

Caca Hontas - L'aiguilleuse Tattoo

Aujourd'hui, les tatouages fleurissent sur toutes les peaux. Entre ceux qui s'affichent fièrement sur le cou et les mains, les discrets cachés derrière une oreille, ceux sexy sur les fesses ou sous les seins.
Des tatouages pour être à la mode, des tatouages pour faire joli, parce qu'ils sont cool, drôles, originaux.
Des tatouages pour se démarquer, s'exprimer, revendiquer, se surpasser. Des dessins encrés dans la peau comme une revanche farouche sur la vie, une fierté de s'en être sorti, d'avoir affronté tout ça, d'avoir réussi.

On a tous nos propres raisons d'être tatoué. 
Et à travers cet article, c'est Caca Hontas, L'aiguilleuse Tattoo, qui nous explique pourquoi elle tatoue. Cette tatoueuse pas comme les autres, dont les motifs, hallucinants, brillants, sont souvent dérangeants, violents. Parce qu'ils expriment des parcours de vie.


 


"Chacun a un langage, et c'est assez facile pour moi de retranscrire des idées, des mots, en dessin."


"J'ai une vision très particulière du tattoo." m'explique L'Aiguilleuse Tattoo qui n'a commencé que récemment à tatouer.
"Certains flashs que je propose sont violents, dans ce qu'ils représentent, dans le message qu'ils transmettent. Ils parlent du handicap, de la maladie, des personnes différentes qui sont rejetées par les autres."
"La violence n'est pas forcément liée à des dessins de crânes ou de sorcières !"
L'Aiguilleuse Tattoo ne se contente pas d'utiliser la palette de motifs couramment rencontrée pour permettre aux personnes d'exprimer ce qu'elles ressentent, elle utilise sa formidable créativité.
Ses dessins ? Ce sont des corps qui se font face, des têtes déformées, des oiseaux à trois yeux, des pupilles en as de pique, des êtres qui s'allongent et se dédoublent. 
"Je m'inspire du vécu des personnes qui viennent me voir. Mais aussi de mon propre vécu, pour les flashs."
Des mots qui lui sont confiés, de ces sentiments, de ces parcours de vie, Caca Hontas crée des dessins, des tatouages aux symboliques fortes, des messages portés fièrement sur la peau.


"Je m'impose que jamais un de mes clients ne puisse regretter son tatouage"


"Je pose toujours la même question au client : "Est-ce que ce tatouage va t'apporter ou te retirer quelque chose ?
"Si j'ai le moindre doute sur le fait que la personne puisse un jour regretter le tattoo, je ne le fais pas. Je veux m'assurer que ce ne soit pas fait sur un coup de tête, ou sous le coup de l'émotion."
"Il faut que ce soit le fruit d'une réflexion profonde. La personne doit être totalement en phase avec cet acte. Je me montre un peu inquisitrice parfois avec les clients, à leur poser plein de questions, mais c'est pour m'assurer que jamais ils ne regretteront leur tatouage."
"Quand tu discutes autour de toi, tu réalises qu'il y a tout de même pas mal de personnes qui se sentent mal dans leur peau à cause d'un tatouage, qui le regrettent. Je m'impose que jamais cela n'arrive à mes clients."
"Je n'ai jamais banalisé le tatouage et j'espère que je ne le ferai jamais."
"Je me dois d'être responsable, vu les motifs que je fais. En fait, je suis comme une gamine avec des crayons qui s'éclate, qui fait ce qu'elle adore, mais qui est tout sauf inconséquente."
"Beaucoup de monde se demande comment je fais pour travailler dans ces conditions, en gardant toujours ça à l'esprit, en m'imposant ce "ne jamais regretter", mais en fait ça me stimule. Je pense que si je ne me l'imposais pas, je ne pourrais tout simplement pas tatouer."
"Je suis droite dans mes bottes, et c'est ce qui me stimule à fond."

"Fier d'être différent"


"Evidemment, ce n'est pas le cas pour tous les motifs que je fais. Pour les dessins plus doux, plus légers, c'est différent. A l'image de ma série Dada par exemple, qui est très poétique."
"Ce que j'évoque ici c'est une démarche tout à fait différente de celle des tatoueurs qui sont dans l'ornemental."
"Là, je te parle des sujets lourds, et graves. J'ai besoin de savoir comment les personnes vont le porter."
"La personne doit être fière d'être différente, de ce que la vie lui a fait, de comment elle s'est construite. Il faut être dans l'acceptation du parcours douloureux, et en retirer quelque chose de positif."
"Je veux tatouer des personnes qui s'assument. Des personnes qui revendiquent une identité. Un jour une cliente m'a dit que je suis la tatoueuse de "l'assumation"."
"Toute ma vie, j'ai enchaîné les coups durs et les revanches. Et j'aime me dire qu'avec le tatouage, je partage quelque chose avec la personne qui veut sa revanche sur la vie."
Le tatouage selon L'Aiguillleuse Tattoo ne doit pas être réalisé quand "le processus de guérison n'est pas fait". 
Le tatouage doit célébrer un combat, une victoire, l'envie de réussir, l'espoir. Il doit être positif. 
"J'ai envie d'être complice de la joie du tatoué, c'est ça qui est génial !"

"J'ai besoin de comprendre l'autre"


Je demande alors à Caca Hontas pourquoi ces tatouages symboliques l'intéressent tant.
"Je suis passionnée par les gens, j'aime les gens profondément. J'ai une grande passion pour la psychologie."
"Depuis que je suis toute petite, je parle à tout le monde, j'ai besoin de comprendre l'autre, qu'ils me racontent leur vie."
"La plupart des commandes, c'est ça. Des personnes qui ont tellement de richesse en elle. Ce sont des commandes toujours très personnelles. Et j'en suis très fière. Ces personnes m'accordent toute leur confiance, elles me jugent assez bien pour retranscrire dans le tatouage ce qu'elles vivent."
"Mais pour les flashs c'est pareil. Je discute beaucoup avec le client pour connaître ses motivations, savoir si ça lui parle. Et je modifie le flash pour qu'il puisse mieux lui ressembler."

"Le tatouage a été pour moi une énorme claque."


En sachant plus sur sa démarche, je me mets à questionner la tatoueuse à propos de son propre parcours d'artiste.
"C'est en janvier de cette année que j'ai tatoué quelqu'un pour la première fois, en-dehors de moi-même."
Mais bien avant même de tatouer, Caca Hontas pratiquaient de nombreuses formes d'art. De la linogravure, de la broderie, du dessin ...
"J'ai été dans l'univers de l'illustration pendant presque 20 ans. Et je m'emmerdais. En fait j'étais coincée dans un style. C'est souvent cela dans l'illustration, tu dois être reconnaissable par ta signature graphique."
"Mon pire ennemi, c'est l'ennui. Avant, je m'ennuyais très vite. C'est pour cela que j'ai toujours fait énormément de choses : de la scénographie, des installations, de la musique, ... Je passais de l'un à l'autre très rapidement, j'en avais besoin, sinon je me lassais."
"Il ne faut pas que je m'ennuie, sinon je deviens triste comme les pierres."
"Et le jour où j'ai commencé à tatouer, ne serait-ce que déjà sur de la peau synthétique, j'ai enfin trouvé un résultat qui me plaisait."
"Avec le tatouage, tu peux faire des choses que tu ne peux faire avec rien d'autre, ni de la peinture, ni un crayon de papier, ..."
"Le tatouage est si difficile techniquement, je sais que je ne m'ennuierais jamais."
"Et puis je peux aborder des thèmes, des techniques et des styles très différents ! Bien sûr, on reconnaît toujours mon style, mais je ne me retrouve plus enfermée comme c'était le cas avec l'illustration."

"J'ai trouvé ma place."


"Enfin, je me suis sentie chez moi. Avant, je n'arrivais pas à trouver ma place, même parmi d'autres artistes, avec les clients, les maisons d'édition ..."
"Derrière les tatoués, on trouve des personnes très impliquées dans leurs vies, qui se posent beaucoup de questions sur elles-mêmes. Politiquement, socialement, musicalement, on s'entend vraiment bien. J'ai trouvé ma place."
"Je ne passe plus pour pour l'extra-terrestre, la délurée de service, celle qui est toujours trop trash ou trop barrée."
"Aujourd'hui, c'est un peu comme si on me disait tous les jours : Vas-y ! C'est open bar !"
"Et du coup, je me suis vraiment demandée : pourquoi je ne l'ai pas fait avant ?"
"Avant j'avais l'impression que j'errais ... Mais c'est comme si toutes ces années d'errance m'avaient enfin menées là, au tatouage."
"J'ai l'impression d'être passée à côté de ma vie. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi je ne l'ai pas fait avant, car moi-même je ne le comprends pas !"
"Je sais simplement que ce sont mes amis qui m'ont motivé. Ils se faisaient tatouer mes dessins. Et ils ont fini par me demander de me lancer."


L'Aiguilleuse Tattoo est encore au début de son cheminement à travers le tatouage, mais elle affirme déjà, en plus de sa créativité, de sa passion pour l'art, une envie de comprendre les autres et de partager quelque chose avec eux.
C'est une nana qui rigole tout le temps, et dont le sourire est communicatif. Une femme qui croque la vie à pleine dent !

Pour suivre ses aventures, suivez sa page facebook !



jeudi 14 juillet 2016

Miss Cycy : Capter les émotions

Comme tu le sais, je suis une grande passionnée de photographies. Et je dois dire qu'en Alsace, les talents ne manquent pas ! Chacun a sa propre patte, sa propre vision de la photo, sa façon bien à lui de créer des images.
Et si j'ai été immédiatement touchée par les oeuvres de Miss Cycy, c'est pour la fraîcheur et le bonheur qu'elles transmettent. Cette talentueuse photographe réalise des images naturelles, sincères, vibrantes d'émotion.
Spécialisée dans le portrait féminin, elle monte actuellement une exposition sur les femmes qui ont le cancer du sein.
Rencontre avec une personne formidable, douce et joyeuse, une nana incroyable qui a un cœur en or.


Photo : Miss Cycy. Modèle : Cha Perchée, blog Du blabla et des trucs pour les vilaines filles

"Je fonctionne au feeling, et à la sensibilité"


Miss Cycy fait de tout : baptême, mariage, enterrement de vie de jeune fille, ... Sa spécialité étant les portraits de femmes. Avant d'aller plus loin dans son univers, effectuons un petit retour sur son parcours très riche et assez atypique. 
Son domaine de prédilection étant la communication, rien ne semblait la destiner à devenir photographe. Et pourtant, plusieurs petites choses parsemées dans sa vie l'ont heureusement poussée dans cette voie.
"Je ne suis photographe que depuis un an. Avant je faisais de la photo pour m'amuser, sans vraiment me prendre au sérieux. Que ce soit pour Save My Brain, le site culturel dont je suis bénévole, avec les live report, ou Lindy Spot, une association dont je suis membre. Je m'amusais à prendre les stagiaires de lindy hop en photo, des portraits serrés d'elles en train de sourire ou de grimacer !"
"Peu à peu, mon entourage m'a fait remarquer que j'avais un truc pour mettre à l'aise les gens. Et pour capter les émotions. Cela me semblait tout à fait naturel, spontané, je n'avais jamais vraiment fait attention à cela."
"Et puis j'ai pris conscience que c'était ça, ma patte, ma spécialité : les émotions."
"Je pense que c'est lié au fait que je suis une personne très sociable, j'adore parler avec les gens ! Et puis j'ai toujours travaillé dans le milieu des associations, à gérer des salles de concert, donc en étant constamment en contact avec beaucoup de monde."
"C'est en rejoignant la coopérative ArtenRéel, qui aide notamment les personnes à monter leurs entreprises, que j'ai réellement commencé à être photographe. Dans cette coopérative, que j'ai rejoins il y a un an, je touche deux secteurs d'activité : je suis à la fois responsable en communication et photographe."
"La comm, c'est mon métier. Alors si on m'avait dit il y a 5 ans que je deviendrai photographe, je ne l'aurais pas cru !"
"Je suis autodidacte. Je fonctionne au feeling, à la sensibilité. Mais comme il faut tout de même une base technique j'ai suivi des stages, et puis j'écoute beaucoup les conseils de mon entourage."

Aider les femmes par le biais de la photo


Photo de Miss Cycy
Modèle : Lili Furyo
En se spécialisant dans le portrait de femme, et la recherche des émotions, Miss Cycy a réalisé combien la photo pouvait aider les femmes : "des personnes que j'ai prises en photo, qui ont une vie difficile, m'ont confié à quel point ça leur faisait du bien de passer une heure avec moi à faire des photos, bien plus qu'une séance chez le psy ou une après-midi shopping !"
Poussée par sa sensibilité, son envie d'aider, Miss Cycy a rencontré une photo-thérapeute afin que celle-ci lui apprenne ce qu'elle peut faire ou non pour aider, en tant que photographe et non psychologue.
De là est née son idée : proposer aux femmes non pas une séance photo, mais trois à quatre, réparties sur une année.
"C'est évolutif. On commence par des portraits serrés puis, la séance d'après, c'est en famille, et on finit généralement par du boudoir ou par du nu. Selon l'état d'esprit de la personne, si elle se sent à l'aise ou non, on évolue vraiment à son rythme. Le but étant, à chaque séance, de se fixer un nouvel objectif, pour progresser."


"La plus belle émotion"


"On parle énormément. On se rencontre d'abord autour d'un café, pour discuter du projet et voir si le feeling passe, ce qui est essentiel pour ce genre de photos ! Mais on discute aussi pendant la séance et également après. On développe un relationnel très fort."
"En cela, ma démarche est différente de la plupart des autres photographes, car nos objectifs ne sont pas les mêmes. Les femmes qui viennent me voir ont besoin de passer un cap, elles ont besoin d'être accompagnée, d'être suivie."
"Les femmes viennent me voir parce qu'elles manquent de confiance en elle, parce qu'elles ont vécu un changement dans leur vie, ou parce que le regard qu'elles portent sur leur corps n'est plus le même qu'avant."
"Ce que j'aime beaucoup faire, c'est me balader en ville, et discuter avec la personne. Je la prends alors en photo de manière spontanée, quand elle est naturelle, qu'elle éclate de rire ou qu'elle joue avec ses cheveux. C'est là qu'est la plus belle émotion."
"Aider ces femmes et raconter leur histoire"
"Plusieurs clientes sont venues me voir à cause d'une maladie, d'un cancer. Elles m'ont dit que la séance photo leur avait fait beaucoup de bien. Pour certaines, ce n'est pas le résultat qui importait, mais bien la séance en elle-même."
"J'ai eu envie d'aider ces femmes, de raconter leur histoire. Et j'ai eu l'idée de le faire à travers une exposition sur les personnes qui ont eu le cancer du sein, qui l'ont ou qui ne l'ont pas."
"Le but est de montrer qu'on ne peut pas distinguer une femme malade d'une autre. Car on ne voit que des belles femmes, et c'est tout."

Photo de Miss Cycy
Modèle : l'effeuilleuse burlesque ZazaLou Oup's


Le regard sur soi, le regard des autres


"Il y a plein de choses qui font que ta vie change, que le regard que tu portes sur toi évolue aussi, mais il ne faut pas que le regard des autres change. Même si la maladie est là, la femme doit pouvoir sentir dans le regard des autres qu'elle n'est reste pas moins femme, et séduisante."
"J'ai donc lancé un appel sur Facebook en disant que s'il y a des femmes qui ont besoin d'aide, qui ont envie de parler, ma porte est ouverte."
"Le but est de montrer comment les personnes se sentent femme. Je leur demande de choisir un geste, dans leur quotidien, grâce auquel elles se sentent féminine, et c'est ce moment-là qui est photographié pour l'expo. Et c'est quelque chose de bien plus personnel que simplement une nana en train de se maquiller devant son miroir."
"L'idée doit venir de la femme, elle doit lui correspondre entièrement ... Oui, c'est vraiment ça mon point d'ancrage, mon fil rouge, cette interrogation : comment vous sentez-vous femme ?"
"Pour montrer la maladie, on n'est pas obligé de montrer les cicatrices, les femmes malades. Non, je veux montrer les femmes qui se battent, qui travaillent, qui sont maman, qui sont sexy, qui se sentent féminines."
Actuellement, le projet de Miss Cycy compte six femmes. Celle-ci aimerait monter à dix. Bien évidemment, cette expo concerne toutes les nanas, mais, pour sa toute première expo, la photographe préfère faire appel à un groupe restreint. 
Elle précise : "J'ai mon objectif, maintenant il faut monter le projet ! Il me manque encore un lieu ... J'aimerais un lieu d'accueil, très convivial, un endroit approprié comme un lieu de femme ou le local d'une association."
"Il me manque aussi des financements. J'hésite à faire appel au crowfunding, beaucoup me poussent à le faire en tous cas."
"Il me reste également une association à soutenir, je suis en train de faire les démarchages."
Parallèlement, Miss Cycy va également participer au concours Estée Lauder qui a également pour objectif de lutter contre le cancer du sein à travers la thématique "s'aimer". 

Photo : Miss Cycy. Modèle : Miss Cycy en personne !


Cette joyeuse photographe a clairement trouvé sa voie : aider les femmes, par le biais de la photographie, sublimer la beauté féminine, et révéler les plus belles et les plus sincères des émotions. J'ai d'ores et déjà hâte de voir sa toute première exposition, qui se tiendra en octobre, et les autres à venir, car je sens que cette demoiselle n'a pas fini de nous émerveiller.



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mercredi 13 juillet 2016

Darla Démonia : portrait d'une femme pas comme les autres

Darla Démonia, j'en avais déjà entendu parler. Je la connaissais de réputation. Darla, c'est la nana super underground, la fille pas comme les autres, celle qui a fait du porno.
Je dois dire que les nanas pas comme les autres, ça me parle, et beaucoup même. J'avais bien envie de la rencontrer, voir un petit peu qui elle était, dépasser la simple réputation pour chercher la vérité de la personne.
Mais j'étais assez embêtée car, sur sa page facebook, il n'y avait plus grand chose qui se passait. Je l'ai tout de même contacté, et on s'est rencontré.
J'ai rapidement compris que Darla Démonia était à un tournant dans sa vie.
Portrait d'une femme belle, et forte, une femme qui a du caractère, et qui s'assume, une jeune maman qui croque la vie à pleine dents.


Toutes les photographies m'ont été remises par Darla.


"Je ne regrette en aucun cas ce que j'ai fait, j'assume entièrement mon parcours. Mais je suis arrivé à un stade de ma vie où j'ai besoin de faire le tri. Je ne veux plus tout mélanger, il faut faire la part des choses désormais. C'est pour cela que je vais supprimer mon ancienne page Facebook Darla Démonia et en créer une nouvelle."
"Je ne vais pas changer de nom, car je ne veux pas effacer mon passé. J'ai simplement besoin de tirer un trait sur celui-ci, pour pouvoir avancer."
"Oui, j'ai fait du porno, je l'ai fait par plaisir, pour m'éclater. Et du jour au lendemain, j'ai tout arrêté pour lui, mon  homme. Pour construire mon couple, ma famille. Et je me dis que j'étais vraiment en train de percer, pourtant j'ai arrêté à ce moment-là, alors que j'étais en pleine montée, et ça me rend fière d'avoir réussi à faire ce choix."

Retour sur son parcours : "Tout s'est fait naturellement"


"Tout a commencé par le shibari. J'ai fait un workshop tout simplement, pour apprendre les cordes, avec Philippe. Il m'a alors demandé de devenir modèle photo pour le shibari. C'était il y a 10-11 ans ... En fait, j'étais à peine majeure quand j'ai commencé les salons de l'érotisme !"
"Je l'accompagnais dans les salons sur le pôle fetish en tant que modèle shibari. Puis quand ils ont décidé de le supprimer, je suis allée explorer d'autres univers."
"Dans ces salons, tu es tout le temps contactée, par plein de monde, beaucoup te proposent des séances photos, toutes sortes de projets."
"Et puis peu à peu j'ai évolué vers le strip-tease puis vers le théâtre érotique. Le théâtre érotique, c'est une scène de cul en directe plus ou moins réalisée dans les conditions de tournage d'un film. Ça me plaisait beaucoup, alors tout naturellement, j'ai continué, je suis allée plus loin. Je n'ai jamais forcé les choses, ça c'est fait comme ça, voilà tout."
"En fait, lors d'un salon érotique, j'ai sympathisé avec une actrice porno. Elle m'a conseillé un producteur et j'ai passé une journée à tourner. Je me suis éclatée ! J'ai adoré faire ça ! Je suis donc restée dans le porno pendant quatre ans. A ce moment-là, j'étais célibataire, je faisais ce que je voulais de mon cul !"
"Je n'ai jamais eu à refuser quoi que ce soit dans le porno, car on ne m'a jamais proposé de choses étant hors-limite. A la rigueur je pouvais refuser un truc si je trouvais que je n'étais vraiment pas assez payée pour le faire !" Ajoute-t-elle en riant.
"Je me rappelle d'une fois, un grand producteur m'avait contacté pour que je tourne pour lui, je lui ai simplement répondu que je n'avais pas de place avant trois mois. Il n'a pas aimé !" Rigole-t-elle.
"Il faut dire qu'entre les tournages, les séances photo, les salons de l'érotisme, j'avais un agenda blindé ! Et j'étais constamment sur la route. Je peux te dire que tu apprends vite à t'endormir dans le train pour que le temps te semble moins long !"
"Parallèlement je rencontrais également des photographes pour monter des projets et réaliser des shootings sans aucun lien avec cet univers-là."


"Du porno par plaisir, et pour le plaisir"


"J'ai fait du porno par plaisir, et pour le plaisir. Il faut savoir que nous ne sommes pas nombreuses dans ce cas-là. Généralement, dans ce milieu, on rencontre deux types de nanas : celle qui fait du porno parce qu'elle veut devenir une star, et qu'elle pense que ce sera une passerelle pour lui permettre d'accéder à la célébrité, et celle qui le fait parce qu'elle a besoin d'argent, et que c'est moins dégradant que de se prostituer."
"De mon côté, je n'ai jamais cherché à être la plus populaire, celle qui courre après les likes etc. Je ne faisais du porno que pour m'éclater ! J'ai profité à fond de ma jeunesse. J'ai vécu des choses géniales, que tu ne peux pas vivre si tu n'oses pas te lancer. J'ai énormément voyager, dans toute la France notamment, et j'allais surtout à Paris vu que la majorité des tournages se passaient là-bas."
"Je garde du porno de très bons souvenirs. Je ne regrette pas du tout d'en avoir fait. Je me suis beaucoup amusée. J'ai profité de la vie."
"Je pense que c'est lié à ma personnalité. J'ai toujours été quelqu'un d'excentrique ! Plus jeune, j'étais un vrai garçon manqué ! J'ai aussi eu une période un peu goth. Ce qui est certain, c'est que j'ai toujours été dans le milieu underground. Je suis ce mouton noir qui refuse de suivre les autres, qui ne rentre jamais dans le moule."
"Le porno en lui-même ne me manque pas. En revanche, ce qui me manque tout de même, c'est de pouvoir voyager, rencontrer plein de monde, ..."
"Je n'ai pas gardé de relation dans le porno. Bien sûr, si je croise un réalisateur ou un acteur avec qui j'ai tourné, on fera un brin de causette. Mais ça s'arrête là."
"En revanche, les salons de l'érotisme m'ont amené à rencontrer beaucoup de monde dans le milieu du fétichisme et de l'underground, et là j'ai noué des amitiés sincères. Dans le fétichisme et l'érotisme, tu rencontres des personnes bien plus ouvertes d'esprit qu'ailleurs, et c'est ce que j'apprécie."


"Je ne pourrais pas arrêter la photo"


Tu l'as compris, Darla a complètement arrêté le porno, par amour, et sans aucun regret. Mais s'il y a bien une chose qu'elle faisait déjà avant, et qu'elle continue de faire, c'est la photo.
"Aujourd'hui, je suis très sélective. Evidemment, je refuse catégoriquement toute proposition indécente. Et puis j'essaye de limiter mes déplacements, du fait de ma vie de famille, je cherche donc des photographes centrés sur Strasbourg avant tout."
"Je suis beaucoup plus attentive au projet également, je ne veux pas me lancer dans n'importe quoi. Il faut que l'idée soit intéressante, qu'elle tienne la route, et que je m'y retrouve. Je peux aussi monter les projets moi-même de A à Z, j'y suis habituée. Et puis il y a aussi des séances qui peuvent se faire de manière totalement improvisée, ça dépend ... A chaque fois, c'est différent."
"Le feeling est également essentiel. Il faut qu'il y ait une bonne entente pour qu'un shooting se passe bien, qu'un lien se crée."
"Le relationnel compte vraiment beaucoup pour moi. Quand entre deux shoots, tu peux délirer, sortir des vannes, c'est tellement mieux que si t'es là à attendre, sans rien à dire ! C'est pourquoi je privilégie principalement les photographes avec qui, justement, je m'entends vraiment bien. "
"Je suis sur plein de projets différents actuellement, avec des photographes très talentueux. Mais s'il y a un photographe que j'apprécie tout particulièrement, c'est Vladimir Tankovitch. Bien que éclectique dans les styles de photos que je puisse faire, on revient toujours plus ou moins à la même chose."
"Or justement Vladimir me pousse à sortir de ce cadre, il me propose des choses nouvelles et j'apprécie ce challenge. C'est vraiment intéressant quand on te propose des choses différentes, ça te permet d'évoluer."
"De toute façon, chaque shooting est différent. Et au même quand il s'agit de la même séance photo, d'une image à une autre, ça change complètement."
"Même s'il est beaucoup plus difficile pour moi désormais de m'organiser, de dégager du temps, je ne pourrais pas arrêter la photo. Ca me manquerait trop."


"J'aime choquer"


Sachant que Darla réalise des images plutôt sombres, "dark", même si elle me confie qu'elle commence un peu à porter de la couleur, c'est-à-dire du gris ou du brun, je lui demande de m'expliquer ce qu'elle aime dans la photo, ce qu'elle recherche :
"Ce que j'apprécie dans la photo, ce sont les belles images. J'adore le corps féminin. Je trouve le nu artistique fabuleux. C'est magnifique, comme la femme peut être sublimée, par le jeu des lumières qui révèle habilement ses courbes."
"Et puis ce que j'aime, c'est choquer. J'aime faire des photos trash. La photo pour moi doit provoquer quelque chose, faire passer des émotions. J'aime interpeller la personne qui la regarde."


Une philosophie de vie ...


"C'est très compliqué entre ma famille, mon boulot, mon bénévolat à la croix rouge, ... Mais on n'a pas le choix. Il faut y arriver."
"Ca fait 4 -5 ans maintenant que je suis bénévole pour la croix-rouge. J'ai une réelle passion pour le secourisme. Je trouve que c'est quelque chose de nécessaire, et d'enrichissant."
"Je suis pour la tolérance, l'entraide, ce sont des valeurs très importantes à mes yeux. Je n'aime pas forcément les gens, mais j'aime l'humanité. Et pour moi c'est important de faire tous ces petits gestes qui permettent justement de retrouver de l'humanité ..."
"Ca fait partie de ma philosophie de vie : savoir apprécier les choses simples, et profiter simplement de la vie. On rencontre tant de problèmes au quotidien, on doit faire face à tant de difficultés, alors pourquoi se compliquer la vie ?"
"En tant que maman, tu vis des petits moments de bonheur qui arrivent à te faire oublier tout le reste."
"C'est vrai qu'en tant que femme, tu t'oublies. Tu fais passer tes propres désirs en dernier. Mais il faut réussir à trouver un équilibre entre tout ça."

Et c'est justement ce que Darla Démonia est en train de faire, trouver un nouvel équilibre qui lui permette de s'épanouir dans sa nouvelle vie. Un équilibre entre ses passions, et sa vie de maman, un équilibre entre la Darla du passé et celle du présent. Plus sûre d'elle que jamais, fière et heureuse, on sent sa détermination, son envie de continuer à avancer. Comme toutes les autres femmes, et toutes les autres mamans.


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